LE DUCHÉ DE BOUILLON SOUS LES LA TOUR D’AUVERGNE (1678-1794)

A la faveur de la guerre de Hollande (1672), les la Tour d’Auvergne entrèrent en possession du duché de Bouillon, ancienne dépendance liégeoise.

Par arrêté du Conseil d’Etat du 1er mai 1678, le Roi de France, Louis XIV, remit le duché de Bouillon à Godefroy-Maurice de la Tour d’Auvergne, duc de Bouillon. Durant près de 125 ans, Bouillon devint ainsi le centre d’un état souverain protégé par le Roi de France.
La Maison de la Tour d’Auvergne, dont les origines remontent au Xe siècle, était une de celles qui, avec les Maisons de Lorraine, de Rohan et de Monaco, constituaient la classe privilégiée des princes étrangers à la cour de France. Elle donna naissance à plusieurs branches.

La branche des ducs souverains de Bouillon, Pairs et Grands Chambellans de France, vivait dans l’entourage immédiat des rois de France, Louis XIV et Louis XV, dont les ducs avaient les faveurs.
Cette  » intimité  » favorisa de nombreuses alliances avec la Maison Royale qui l’autorisa à porter dans son blason :  » d’azur semé de fleurs de lys d’or « .
La branche s’éteignit en 1802 à la disparition du dernier duc souverain de Bouillon, Jacques-Léopold.

A la fin du XVIIIe siècle, le duché, comme l’ensemble de l’Europe, verra naître une série de troubles révolutionnaires. Ses structures sociales et politiques seront remises en question par les idées de liberté, d’égalité et de souveraineté du peuple formulées par Les Lumières.
Si le duché de Bouillon faisait figure d’un minuscule état au regard de leurs importantes possessions françaises, à Bouillon, les la Tour d’Auvergne étaient souverains  » par la grâce de Dieu  » : ils promulguaient les lois, tentaient de faire battre monnaie, anoblissaient leurs fidèles, imposaient leurs sujets …

Le XVIIIe siècle fut pour Bouillon et l’ensemble du duché une période de paix propice à la prospérité de la population. Les ducs souverains encouragèrent le développement du commerce et l’implantation d’industries, seules ressources potentielles d’un pays dont la population s’adonnait majoritairement à l’agriculture et à l’élevage.

Favorisées par des immunités et privilèges, des industries du fer, des entreprises artisanales de tabac, des manufactures de draps et de serges, de laine et de fil jetèrent des racines plus ou moins fortes dans la localité.

Par le truchement de ses princes, Bouillon fut aussi perméable à l’effervescence philosophique et littéraire qui se propageait en Europe, notamment grâce à l’importante industrie typographique qui se développa à partir de 1760, avec l’approbation éclairée des la Tour d’Auvergne.

Les La Tour d’Auvergne restèrent seuls maîtres du duché jusqu’au 7 mars 1790. L’influence de la Révolution française se faisait sentir dans le petit duché de Bouillon. Légitimée par le duc, l’Assemblée du peuple bouillonnais, qui lui succéda, se substitua au pouvoir du souverain. Le 24 avril 1794, le régime ducal était abo